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dimanche 27 août 2017

raisin de l'himalaya culture du 21/08


Arrivé il y a 8 ans en Chine, au nord ouest du Yunnan, Alexis de Guillebon s’installe sur les contreforts de l’Himalaya qui appartenait auparavant au Tibet. Ce sont les marches tibétaines, zone de transition entre les plaines chinoises et le plateau du Tibet. Le village se situe sur les rives du Mékong qui prend sa source bien plus haut à 5400 m d’altitude.

En route vers les Sentiers du ciel !

Alexis de Guillebon passionné par les voyages, rêve de parcourir le monde. Après des études d’architecture navale en Angleterre, il complète son cursus aux Arts et Métiers mais aussi à la Sorbonne en philosophie. Pendant ses études de philosophie, il prend goût au voyage. Trois à quatre mois par an, il part à pied. A la sortie de son Master, l’association des Enfants du Mékong lui propose de reprendre une mission dans une communauté catholique tibétaine à Cizhong. Volontaire pendant deux ans et demi pour l’association, sa mission est de mettre en place des financements via du parrainage en France, de programmes scolaires à destination d’enfants défavorisés. Au cours de ce volontariat, Alexis prend conscience que la véritable problématique est liée au développement et non à l’éducation.
XiaoLing le vin des Sentiers du Ciel - Vallée du Mekong
la véritable richesse de la région : la vigne
Cette réflexion l’amène à créer en 2013 l’association « Les Sentiers du ciel ». Une des idées est de faire du fromage de yak. Bien que les essais soient prometteurs, une mise en production soulève de nombreux problèmes : le peu de lait produit par le cheptel, la production du beurre favorisée car base de l’alimentation mais aussi offrande pour les monastères bouddhistes.
Lors de l’assemblée générale de 2014 de l’association, les efforts sont réorientés sur la véritable richesse de la région : la vigne !

L’histoire de la vigne au Tibet, c’est d’abord l’histoire des missionnaires français.

En 1846, les Missions étrangères de Paris se voient confiées par le Pape l’évangélisation du Tibet. Lorsque les missionnaires ont voulu entrer au Tibet par le nord de l’Inde ou par l’ouest de la Chine, confrontés à l’hostilité des Lamas bouddhistes, ils n’ont pu entrer plus dans le territoire et se sont donc fixés dans les marches tibétaines. Au Yunnan les missions s’implantent sur les rives du Mékong sur deux cents kilomètres avec au centre Cizhong. A deux jours de marche sur les rives du fleuve Salouen d’autres missions s’installent. Afin d’alimenter la messe en vin, des vignes sont plantées aux alentours de 1870 dans des enclos autour des églises. Le cépage est appelé « Rose Honey ».
Son origine reste inconnue même après des tests ADN. Ce cépage est-il pré-phylloxérique d’origine française ou aurait-il été collecté au Japon lors de voyages avant l’arrivée à Cizhong, le mystère demeure.
Si les derniers missionnaires quittent la région en 1952 après une histoire mouvementée constellée parfois par des persécutions, ces communautés catholiques sont reconnues aujourd’hui par Pékin.
Il y a une vingtaine d’années le gouvernement local décide de développer un projet autour de la vigne plantée entre 2000 et 2500 mètres d’altitude. L’objectif est que les populations locales, d’origine tibétaine, consomment du vin en lieu et place d’un alcool blanc traditionnel titrant à 50° à base de céréales. Le vin produit est insipide et très sucré quand la vendange n’est pas vendue au poids à un gros producteur d’alcool du Yunnan.
La prise de conscience d’avoir une véritable pépite à portée de main se fait lorsque Moët & Hennessy (LVMH) s’implante à quatre-vingt kilomètres au nord du village de Cizhong. En effet le groupe français a mandaté dès 2008 un expert afin de déterminer les meilleurs terroirs en Chine. Son travail de quatre ans mettra en lumière l’extraordinaire terroir de la région, son microclimat et donc le potentiel pour la production d’un vin de qualité. Le groupe français convaincu s’installe et fait son premier millésime en 2013 avec une présentation en 2016 à Hong-Kong lors de Vinexpo.
Vin Himalaya - Alexis de Guillebon et Lihua- credit photo : Thomas Goisque

Un premier millésime pleins de promesses pour le projet associatif des « Sentiers du ciel »

Au contraire de LVMH, le projet associatif des « Sentiers du ciel » n’a pas la même capacité de financement. A Cizhong, pour le premier millésime, la vendange est achetée à une trentaine de familles. Elle est composée essentiellement de Cabernet-Sauvignon (90%) et d’autres cépages comme le Cabernet Gernischt.
En cave la vinification se fait en jarre de terre cuite de 250 à 400 litres. Après une macération d’une quinzaine de jours, l’élevage se déroule pour partie en fût de chêne Seguin Moreau pendant 12 mois. Mais du fait de contraintes réglementaires, il y a nécessité de faire la mise en bouteille dans une autre exploitation à 800 km. Six jours de voyages sont nécessaires avec le passage d’un col à plus de 4000 m pour faire l’aller-retour. Un éboulement de terrain bloquant la route pendant une journée ne facilitera pas le trajet.
Les deux premières années, l’association est accompagnée par un vigneron suisse mais pour des raisons personnelles il est dans l’obligation de repartir au pays. C’est un ami, Sylvain Pitiot ancien vigneron renommé en Bourgogne, qui reprend la suite. Son rôle est de donner un cap pour donner à la production un bon qualitatif. L’équipe sur place est composée de quatre personnes : Alexis de Guillebon et Balthazar de Dompsure qui gère le commercial, un directeur technique chinois francophone qui a déjà travaillé au Clos de Tart sous la houlette de Sylvain Pitiot et Lihua originaire de Cizhong, cheville ouvrière du projet et relais avec les communautés tibétaines.
Travail du raisin - XiaoLing le vin des Sentiers du Ciel
Pour ce premier millésime, alors que la vigne est conduite sans souci qualitatif, le vin montre un potentiel non négligeable. Le nez est agréable, le boisé très discret. Si les caractéristiques aqueuses du vin encore trop présentes questionnent sur son potentiel de garde, le vin a une très belle architecture pleine de promesses pour les prochains millésimes.
Nous avons déjà un très bon vin alors que rien n’a encore été fait
L’objectif a court terme est triple : planter de la vigne pour le domaine, faire évoluer les pratiques culturales du village (abandon des traitements chimiques et abandon d’une logique productiviste) et équiper un minimum le chai. Afin d’arriver à un projet économique viable, l’association a créée une société de droit hongkongais qui a pour vocation d’accueillir les investisseurs et une filiale en Chine détenue à 100% par la société hongkongaise. Dans le montage financier « Les Sentiers du ciel » reste majoritaire afin de garantir une approche sociale du projet.
Alexis est confiant pour l’avenir, de préciser : « par rapport à tous ce qui se fait en Chine, nous arrivons au bon moment. (...) Nous avons déjà un très bon vin alors que rien n’a encore été fait. »
Avec une production à 2300 m d’altitude sur les pentes de l’Himalaya, le nom du domaine est tout trouvé : XiaoLing, « crête de montagne dans les nuages ».

Un vignoble sur le toit du monde


Un vignoble sur le toit du monde

En Chine, sur les contreforts de l'Himalaya, une filiale de Moët Hennessy a créé la winery Shangri-La avec l'ambition d'y produire le meilleur vin de l'empire du milieu. A plus de 2.200 mètres d’altitude, un projet visionnaire dans un lieu hors normes.

Quelles doivent être les qualités premières d'un vigneron souhaitant faire un très bon vin en Chine dans une contrée aussi reculée que la préfecture autonome tibétaine de Diqing ? La passion, l'obstination ? Sans doute les deux, puisqu'il s'agit de croire dur comme fer à son rêve. Tempéraments tièdes, passez votre chemin. "Tout est très compliqué ici, mais en contrepartie, tout est possible" résume Maxence Dulou, le magicien qui dirige au quotidien le domaine de Shangri-La. Ce quadragénaire, originaire de Langon (33), compte parmi ces optimistes capables de se lever le matin en sifflotant tout en sachant qu'ils vont devoir affronter et résoudre une cascade de problèmes. La complexité, ici, est d'abord liée à l'implantation du domaine. "Nos trente hectares de vignes comptent 320 parcelles réparties sur quatre sites différents, entre 2.200 et 2.600 mètres d'altitude - sur la rive droite et la rive gauche de la rivière Mékong, dans quatre petits villages - Sinong, Xidang, Shuri et Adong" détaille Maxence Dulou.
Un vignoble sur le toit du monde

Quatre hameaux hors du temps, des îlots de verdure accrochés à la montagne, préservés du bruit, de la pollution de l'air, de la vitesse, constitués chacun de trois ou quatre rues ou venelles qui s'entrecroisent, de commerces rudimentaires, de quelques fermes traditionnelles à toits plats en terre tassée. Autour se dessine une marqueterie de lopins de terre grands comme des mouchoirs de poche souvent dédiés à la vigne, ponctuées de noyers et d'arbres fruitiers. Des interstices esthétiques aux antipodes de la Chine urbaine. Compter une heure de piste en véhicule tout terrain, le ravin en guise de compagnon de voyage, pour aller d'une bourgade à l'autre. Le domaine loue les terres à environ 150 familles, leur achète le raisin, et les emploie au quotidien. "Ils parlent tibétain. Le chef de chaque village est notre intermédiaire" explique Dulou. Les paysans locaux, éleveurs de yacks, de cochons et de poules, pratiquent la polyculture. Ainsi, les pieds de vigne partagent-ils leur espace avec des parcelles de maïs, de la luzerne, des tournesols, et quelques pieds de haschish. Les paysans pratiquent aussi la cueillette : "Quand la saison arrive, ils montent dans la montagne cueillir des champignons, dont le caterpillar fingus, très recherché en Chine pour ses vertus médicinales et le Matsutake, dont les japonais sont friands. Evidemment, durant ces périodes, ils sont moins disponibles... Et puis parfois, il peut leur sembler naturel de détourner le réseau d'irrigation de la vigne pour arroser leurs légumes. Les paysans d'ici travaillent au feeling mais nous ne sommes pas toujours sur la même longueur d'onde" reconnaît Maxence Dulou. L'homme doit aussi s'assurer que le matériel venu de France ne reste pas bloqué sous douane, remplacer les greffons qui arrivent morts à 90%, parfois sortir les transporteurs de prison où ils sont incarcérés pour mauvaise conduite, et ne pas plier face aux demandes aberrantes d'entrepreneurs locaux peu scrupuleux qui n'hésitent pas à le menacer de mort... La vie au bord du Mékong n'est pas un long fleuve tranquille.
Un vignoble sur le toit du monde

Heureusement, le trajet pour se rendre sur place est moins périlleux qu'il ne l'était il y a quelques années. L'aéroport le plus proche n'est plus qu'à quatre heures de voiture 4x4. Au sentier de montagne seulement accessible à cheval s'est substitué un ruban de goudron et une enfilade de tunnels sillonnée par une noria de camions et d'intrépides pèlerins se rendant à Lhassa à bicyclette. Ne pas oublier de se munir de bouteilles d'oxygène : le passage du Cheval Blanc, un col culminant à 4.292 mètres, coupe littéralement le souffle. Maxence Dulou a su faire de cette très ambitieuse entreprise un projet de vie, s'installant sur place en famille, inscrivant ses deux enfants à l'école chinoise locale. A l’écouter parler, on pense à ces hommes qui, il y a bien longtemps, décidèrent de construire un opéra dans la jungle amazonienne.
Au fait, qui a eu l'idée folle de lancer une production de vin sur le toit du monde ? Réponse à Londres, au 5 Hertford street, un des plus vieux clubs de la capitale anglaise. Aux murs de cette délicieuse adresse sont accrochés des portraits d'explorateurs, anciens membres de l'institution. Nous retrouvons dans le fumoir Christophe Navarre, patron de Moët Hennessy. A l'évocation de Shangri-La, l'homme s'enflamme : "C'est un projet qui me tient beaucoup à coeur et une sacrée aventure. Il y a quelques années, nous avons demandé à Tony Jordan, un australien qui travaille depuis longtemps pour notre maison, de chercher le meilleur endroit de Chine pour faire un grand vin. Il a arpenté le pays pendant quatre ans, le plus souvent à pied, avec sa petite station météo sur le dos et il a réalisé des milliers de relevés. Il a ainsi trouvé le site de Shangri-La, ou le gouvernement chinois avait d'ailleurs planté des vignes dès 1992. Je me suis rendu sur place et j'ai validé le projet que nous avons lancé en y mettant tous les moyens nécessaires et sans nous imposer une date de sortie de ce vin. Disons que nous nous sommes donnés du temps."
Retour en Chine. Shangri-La fait aujourd'hui partie des domaines de l'entité Estates & Wines, la branche de Moët Hennessy dirigée par le bordelais Jean-Guillaume Prats, qui regroupe entre autre les propriétés américaines, espagnoles, chinoises, indiennes, australiennes, néo-zélandaises du groupe. Estates & Wines produit les "sparkling wines" Chandon et une belle collection de grands vins. "Le site de Shangri-La est exceptionnel d'un point de vue climatique, explique Prats. La vallée ne subit pas la mousson, comme c'est le cas du coté de la chaîne de l'Himalaya. L'air est sec, il y toujours de l'air, nous n'avons quasiment pas de maladies. Les moyennes de températures sont similaires à celles que nous connaissons à Bordeaux. A la grande différence que la période de maturation du raisin peut être poussée jusqu'en décembre." Mais sur ce terrain vierge, l'équipe doit se forger sa propre expérience. "A plus de 2.000 mètres, la photosynthèse est extrême mais elle dure trois heures de moins en raison de l'ombre portée par la montagne, l'oxygénation du vin se fait différemment, l'évaporation aussi", souligne Prats. Le cabernet sauvignon domine magnifiquement cette terre à part, laissant toutefois un peu de place à quelques rangées de cabernet franc, de merlot ou de petit verdot. Un encépagement qui pourrait toutefois évoluer au fil des prochaines années. Guillaume Prats ne s'interdit pas de produire un jour du vin blanc. Puisqu'ici tout est réalisable.
Un vignoble sur le toit du monde

La winery est achevée et le domaine dispose maintenant d'un cuvier et d'un grand espace d'élevage, de stockage et d'embouteillage. Alors, quel goût a-t-elle cette cuvée du domaine de Shangri-La, baptisée Ao Youn, - traduit par un énigmatique "Nuage glorieux" ? La dégustation in situ du millésime 2013, peu de temps après sa mise en bouteille, révèle au nez des notes épicées et poivrées, en bouche des saveurs fruitées et une fraîcheur plaisante, ainsi qu'une belle longueur. Ce cabernet sauvignon (à 95%) semble vouloir marier richesse et élégance. Sans doute est-ce là le résultat de la longue maturation des raisins, cuisinés par le soleil pendant 160 jours : Ao Youn, c'est l'agneau de sept heures de la viticulture. Il pourrait être parent des grands crus de la Nappa Valley. La patte de ses concepteurs - Jean-Guillaume Prats dirigea Cos d'Estournel àSaint-Estèphe et Maxense Dulou oeuvra au coté d'Alain Raynaud à Saint-Emilion - reste toutefois bien présente. Même sur les rives du Mékong, un bordelais reste un bordelais. Environ 2.000 caisses, soit 24.000 bouteilles, du 2013 devraient être commercialisées. "A terme, la production pourrait osciller entre 3.500 et 4.000 caisses" précise Prats. Le prix de vente d'une bouteille devrait approcher 200 euros. Un tarif sacrément élevé. "Tout est fait à la main. Nous n'utilisons aucune machine. Dans le Médoc, il faut un vigneron pour 3,5 hectares. Ici, nous avons besoin d'un homme pour un demi hectare..." justifie Prats. Les premières caisses du domaine de Shangri-La seront commercialisées en novembre, dans quelques adresses prestigieuses et sur le site d'Estates & Wines. Dans un second temps, le domaine de Shangri-La, qui sera aussi distribué localement, pourra faire la preuve que la Chine est susceptible de produire un grand vin. "Aujourd'hui, la moitié de ce qui est vendu comme vin chinois ne vient pas de Chine, rappelle, réaliste, Shen Yang, patron du domaine Chandon à Ningxia. Il faut aussi ajouter la perte de confiance des consommateurs dans le monde suite à quelques scandales alimentaires retentissants. Shangri-La va aider les crus chinois à retrouver une bonne réputation." Une aide précieuse dans la conquête d'un formidable marché.
L'inaccessibilité du vignoble, petit jardin d'Eden préservé d'à peu près tout, les symboles et les images liés au nom même de Shangri-La, la communauté des hommes immortels décrite par l'écrivain britannique James Hilton dans "Les horizons perdus", la rareté du produit, son tarif élevé : tout semble être bien en place pour donner naissance à un nouveau mythe du vin. Une légende joliment fabriquée qui pourrait à terme être visitée par des non-professionnels. La winery est complétée par un ensemble de lodges de très grand standing susceptibles d'héberger les visiteurs du domaine. Déguster un grand cabernet face à l'Himalaya, cela n'a pas de prix.

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